Régler un harmonica diatonique, pourquoi, quand et comment!

Cet article s’adresse plutôt aux personnes débutantes qui n’ont pas de contrôle, même basique, de leur technique de souffle. Précision doit être faite que la technique de souffle inclus le souffle et l’aspiration des notes. Mieux vaudrait dire la gestion de flux d’air.

Ce préambule posé, parlons du pré-requis. Dès que des bribes de gestion de flux d’air apparaissent il faut régler les harmonicas, c’est capital pour progresser sans perdre de temps. Je ne parlerai pas du travail à faire pour parvenir à la maîtrise des flux d’air, ce n’est pas le sujet ici. Mais partons de ce point de départ : lorsque le joueur sait souffler et aspirer un flux constant tenu, puis en un flux montant et un flux descendant (crescendo, decrescendo). A ce stade là, il est indispensable de régler ses harmonicas.

Pour régler les harmonicas peu de matériel est nécessaire. Il suffit d’avoir l’indispensable loupe grossissante (au minimum x5) et un petit outil fin, en cuivre idéalement, pour bouger les lamelles. Il faut aussi bien sûr un tournevis adapté pour enlever les capots. Pour ma part je fabrique et j’offre le petit outil à mes élèves et je leur règle, au début, les harmonicas en leur apprenant les principes et la méthode, ce qui leur évite les multiples arnaques proposées sur internet. (Notez que je propose régulièrement un stage spécifique qui couvre cette question des réglages ainsi que montage-démontage et nettoyage de l’harmonica).

L’origine du problème est que sortant de chez le constructeur, votre harmonica arrive avec un réglage dit « d’usine » fait pour convenir à un enfant ou un adulte soufflant pour la première fois dans son harmonica… Pour s’amuser l’enfant souffle et aspire souvent fort, voir le plus fort possible et l’harmonica doit fonctionner bien sûr. Il doit pouvoir « encaisser » de gros flux d’airs. Or ce réglage « d’usine » prévu pour les excès d’air, ne convient pas à quelqu’un qui dose son souffle et qui techniquement veut obtenir les altérations et overnotes, qui nécessitent des hanches réagissant beaucoup plus finement.

Nul doute que toutes les grandes marques pourraient régler tout ou partie de leur production. Mais le temps passé amènerai un surcoût important, monopoliserai des opérateurs qualifiés à cette tâche etc. D’autant que pour être franc, finalement il est tellement évident que c’est chacun son souffle et donc, chacun son réglage. Pour autant, certains customiseurs ou marques proposent des harmonicas réglés, qui sont donc des compromis proches d’un réglage idéal convenant à tous. A ce stade, c’est le joueur qui s’adapte à ce réglage et sera normalement totalement satisfait.

Pourquoi le réglage d’usine pour les gros flux d’air ne convient pas ? Pour encaisser les gros flux d’air l’espace au bout de la lamelle, entre la plaque et le bout de la hanche métallique est volontairement large. Disons trop large pour un souffle modéré ou maîtrisé. Ayant un écart trop large avec la plaque en bout de lamelle, il passe trop d’air pour pouvoir mettre la lamelle en pression, donc en torsion. Ainsi il est difficile ou impossible de réaliser certaines techniques plus fines (altérations, over notes). Autrement dit, il faut réduire cet espace excessif pour tordre plus facilement les lamelles.

On a coutume d'évoquer les réglages pour l’obtention des altérations et des over notes. On ne pense pas toujours aux autres bienfaits sur le jeu, aux multiples conséquences positives et bénéfiques. C’est hors sujet ici, mais notez que les bienfaits sont immenses, en particulier pour les futurs improvisateurs. Je devais au moins le mentionner.

Régler un harmonicas améliore donc la réponse de l’harmonica, le son et l’obtention des notes altérées et les over notes. Du plus cela modifie la totalité des autres techniques, mais c’est hors sujet ici. Faire un réglage revient à changer les écarts en bout de lamelle. Il faut être délicat et méticuleux, ne pas opérer d’écarts importants. Sachez que si vous opérer un changement d’écart, et que votre harmonica ne fonctionne plus une pression inverse, pour revenir à la positions initiale, solutionnera le soucis et vous pourrez de nouveau affiner.

Physiquement, une fois les capots enlevés, l’harmonica sous la loupe, l’outil en main, vous fixez du regard le bout de la lamelle et l’écart entre celle-ci et la plaque. A l’aide de l’outil vous effectuez plusieurs pressions successives à un tiers de l’extrémité de la lamelle (à deux tiers de distance du rivet donc). Une fois que vous pensez avoir opéré comme il faut, essayez. L’essai est capital, il confirme ou infirme le réglage. Il doit impérativement se faire avec les capots remis en place sans les visses, mais bien en place et tenus fermement.

Les lamelles soufflées sont à l’intérieur des alvéoles, les lamelles aspirées sont sur l’autre face, sur l’autre plaque de l’harmonica, elles sont apparentes. D’expérience, pour mes élèves mais encore plus pour moi, un réglage quasi parfait nécessite de régler deux fois, voir trois, à quelques jours d’intervalle. Souvent la lamelle rebouge de façon minime après le réglage, disons qu’elle « revient » un tout petit peu vers sa position initiale. Il n’est donc pas rare de devoir reprendre légèrement. Ce sont des réglages de déclenchement, il y a bien d’autres actions possibles, mais aussi des réglages de justesse que je ne développe pas ici !

Ensuite, l’uniformisation des réglages sur tous les harmonicas que l’on possède est une question prégnante. C’est à dire que peu importe le réglage, tous vos harmonicas devraient pouvoir fonctionner et déclencher avec un même flux d’air. Dans les faits c’est difficile mais il faut aller dans cette direction, afin que vous souffliez quasi toujours de la même façon quelque soit l’harmonica. (constance du flux).

Je n’ai volontairement pas traité l’aspect des réglages en profondeur. Mais retenez ceci : régler c’est facile et indispensable, quasiment dès le début de l’apprentissage, dès que l’on sait mesurer et doser son souffle.

A vos loupes! Soyez appliqués et méticuleux! 😉